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Née en 1987, elle vit et travaille entre Montreuil (Seine-Saint-Denis, France) et Cotonou (Bénin).
Sa pratique, au croisement de l’art contemporain, de la musique expérimentale et de la poésie sonore, est une réflexion sur la notion de métamorphose : vocale, physique, spirituelle, linguistique et intime.
Ses projets naissent de rencontres, provoquées ou fortuites, avec des entités de tous ordres – humaines, animales, végétales, minérales… Lors de longues phases d’immersion, elle collecte des éléments sonores, narratifs et visuels propres aux milieux dans lesquels elle se plonge. A partir de ce corpus, elle crée par collage, recomposition, transposition, traduction, réinvention, des performances et des installations dans lesquelles interagissent sons, vidéos et dessins.
Violaine Lochu envisage sa démarche comme une zone de réflexivité, de déconstruction et d’empowerment. Ses expériences de vie, ses propres questionnements, ses errances, parfois ses traumatismes, constituent un matériau qu’elle ne cesse de travailler à la lumière de ses rencontres, y compris avec des penseurs et chercheurs contemporains –Bruno Latour, Nastassja Martin, Vinciane Despret…–, de ses lectures –anthropologie, sociologie, philosophie– ou de son intérêt pour les contes et la mythologie.
L’exploration des répertoires d’Europe centrale et du Sud de l’Italie en tant que chanteuse et accordéoniste pendant une dizaine d’années, l’a amenée à penser la musique, l’art, dans une perspective collective, en lien avec la vie quotidienne. Dans le même temps, certaines problématiques, toujours actives dans son travail actuel, ont émergé de cette pratique. L’apprentissage de répertoires issus d’autres cultures et d’autres langues pose des questions liées à la légitimité, l’«adaptabilité», l’hybridité, les effets de domination conscients ou inconscients, le rapport aux cultures dites «populaires»…
Les projets qui ont suivi la traversée, puis la guérison d’un cancer en 2018, sont travaillés par les notions de «santé», de «maternité», de «traumatisme» – dont il s’agit de redéfinir les contours. À travers l’invention d’avatars et de mondes fictionnels, la pratique artistique est pensée comme une zone de réappropriation, de «désassignation», face à des discours souvent chargés de violence symbolique. Plusieurs projets sont issus de cette expérience : Crabe Chorus, O’Child, OrganOpera, C’est la peau, Magnetic Song, Battle, Eden B/4. D’autres travaillent les notions de care et de safe space : Echotopia, Système Berceuse, Battle…
Depuis 2020, ses nombreux séjours à Cotonou, sa rencontre et son mariage avec un artiste béninois, l’initiation à certaines traditions animistes ont amenée Violaine Lochu à approfondir sa réflexion sur les conséquences de la colonisation, sur la dimension spirituelle et/ou rituelle présente dans sa pratique depuis ses débuts (Awoli, Hoxo, Xovivi).
Informés par des expériences personnelles, les projets Sweet Idol, Animal Mimesis, MblaHa, analysent les relations aux institutions de l’art.
La pratique de Violaine Lochu est éminemment collective. Les formes produites sont souvent issues de collaborations avec des créateurices avec qui elle travaille depuis des années : Makoto C. Friedmann, Céline Régnard, Baptiste Joxe, Christophe Hamery… Plusieurs projets performatifs impliquent des personnes novices dans ce domaine (puéricultrices dans Babel Babel, médiateurices dans Wunder K, assistantes sociales, usagers et personnels du centre d’art dans Superformer(s), archéologues dans HypnaGround, étudiant*es dans Moving things, Faire Signe, Unchorus…). Nombre de ses projets naissent de la rencontre avec d’autres artistes ; Sara Bichao (sculptrice), Marcel Gbeffa, Joao Fiadeiro, Anna Chirescu (chorégraphes), Tomomi Adachi (poète sonore), de nombreuxses musicien*nes (Julien Desprez, Serge Teyssot-Gay, Joëlle Léandre, Hélène Breschand, Carol Robinson, Méryll Ampe, Francesco Pastacaldi, Isabelle Duthoit…).