Xóvíví
Série de 36 dessins, encre sur papier et collage, 21×29.7cm
Production galerie Dohyang Lee, 2023
« La série Xóvíví (« mot doux » ou « parole d’intérêt » en fongbé, langue du sud du Bénin), a été réalisée d’après la correspondance quotidienne que Violaine Lochu entretient avec son compagnon béninois Spero Djivo, qui ne peut la rejoindre en Europe pour des raisons administratives liées à la politique migratoire française.
Dans ce travail, qui confond les deux sens de « graphie», Violaine Lochu utilise les écritures comme des dessins, traçant grâce à elles des chemins ou délimitant des figures. De la lettre papier à la messagerie instantanée, elle prend acte d’une métamorphose des adresses amoureuses, désormais brèves et sans doute plus spontanées, indexées sur les rythmes emballés de l’ultracontemporain. Ici néanmoins cette furtivité trouve un moyen de se fixer, de s’inscrire dans la durée et de creuser son propre sillon. Les réseaux scripturaux retracent symboliquement le cheminement rhizomatique d’une histoire sentimentale qui se dessine malgré la distance, les épreuves et l’adversité. Car leur parcours, tout empreint d’amour qu’il soit, n’en est pas moins jalonné d’obstacles (…) ; la difficulté pour le couple francobéninois d’obtenir un visa, de se réunir ou de vivre librement leur union est vécue comme l’expression d’une iniquité et d’une brutalité institutionnelles. Celle-ci redouble le sentiment que les rapports de domination et les clichés racistes attenants résistent et persistent malgré les processus de décolonisation, visiblement non encore achevés. » Florian Gaité