O Child
Installation sonore, 2023
Pièce sonore, diffusée en octophonie, 23 min
8 coiffes suspendues, wax, velours, matériaux et dimensions divers
Photo-poster, 190×150 cm – image Rachael Woodson
Performance / activation rituelle de l’installation, 2h30
Technique spatialisation sonore – Baptiste Joxe
Aide à la réalisation textile – Atelier Hervé, Cotonou, Bénin
Production galerie Dohyang Lee
« L’installation sonore 0 Child met en commun la parole de personnes n’ayant pas d’enfant, qu’il s’agisse pour elles d’un choix ou d’une privation. Composée en articulant des fragments de vingt-cinq entretiens menés par l’artiste, elle rend compte de l’étendue des causes qui expliquent la non-parentalité et qui excèdent de loin la seule volonté individuelle. Discrimination à l’âge, à l’origine ethnique ou à l’orientation sexuelle, problème de santé, stérilité, handicaps et traumas, précarité économique et sociale, interdit juridique ou encore isolement géographique :l’absence de filiation s’explique souvent par une position minoritaire. Ancrés dans l’intime, ici livrés avec une certaine pudeur, ces parcours de vie n’en exhibent pas moins une violence politique criante, bien qu’ordinairement silenciée. Personnellement concernée suite à un cancer, Violaine Lochu fait ici le choix d’une mise en récit collective qui prend un sens cathartique, voire dans une certaine mesure thérapeutique. L’articulation d’un discours partagé sur les difficultés et les interrogations inhérentes à la question d’une parentalité empêchée concourent en effet à rationaliser l’injustice ressentie, à dénoncer des oppressions systémiques comme à lever les refoulés et les tabous qui entravent la possibilité d’une acceptation.
Spatialisée et diffusée en octophonie, la bande sonore rassemble ainsi des voix modifiées, inassignables à des identités précises, fondues dans une polyphonie étrange et anonyme. Leur superposition comme le traitement spectral et temporel que Violaine Lochu opère sur elles participent à créer un effet de glossolalie, de vocalise de transe ou à évoquer un chœur spirituel qu’aucune hiérarchie ne vient diviser. Les cagoules qui recouvrent les haut-parleurs ouvrent encore davantage l’interprétation de la pièce, pouvant renvoyer à un signe religieux, à une parure rituelle, à un masque de protection, à un accessoire terroriste ou militant. Activée lors d’une performance, réalisée lors du vernissage, l’une de ces coiffes fait la synthèse de ces significations, en devenant l’étendard de toutes les personnes privées de ce droit fondamental à construire une famille. Par la mise en chant des émotions contrastées éprouvées à l’écoute de ces récits, Violaine Lochu canalise ici leur révolte pour tenter d’en conjurer, au moins un peu, la douleur. » Florian Gaité
extrait de la pièce sonore O child