Unchorus, installation sonore et lumineuse,13 min
production MAC Lyon, 2019
Avec les voix de Joan Ayrton (Angleterre), Sara Bichão (Portugal), Gheorghe Ciumasu (Moldavie), Gabriela Emanovská (République Tchèque), Linus Gratte (Suède), Elie Guillou (France), Akvilė Grigoravičiūtė (Lithuanie), Marcus Heim (Allemagne), Roberto Limentani (Italie), Marguerite Pilven (Espagne), Yochk’o Seffer (Hongrie), Marcin Swierkosz (Pologne), Hannelore van Dijck (Belgique)
Merci à Baptiste Joxe (technique), Paul Bourdoncle (images vidéo), Marion Beganni, Juliette Dessagne, et Anna Wegenschimmel (figuration).
Lors de l’exposition StoryTelling au Mac Lyon, Violaine Lochu présente la performance collective et l’installation sonore Unchorus, autour des notions de chœur et de révolution, qui travaillent notre époque en creux, comme difficulté et comme manque.
À l’heure où le projet européen semble fragilisé (Brexit, montée des partis nationalistes…), où des mouvements de protestation disparates émergent sans pour autant aboutir à de réels changements de fond, l’installation sonore et lumineuse Unchorus cherche à rendre compte de cette période complexe dominée par le doute, l’inquiétude, et la difficulté à faire voix commune.
Violaine Lochu a demandé à une douzaine de personne d’origine européenne (anglaise, lituanienne, suédoise, roumaine, tchèque, hongroise, polonaise, italienne, espagnole, allemande, portugaise, hollandaise) de lui transmettre un chant révolutionnaire dans leur langue maternelle ; chaque chant est accompagné d’une explication sur sa signification, son contexte, parfois d’un récit sur les circonstances de ce choix ; par exemple la difficulté pour certains ressortissants de pays de l’ex-bloc soviétique – Lituanie, Hongrie, Roumanie…- de trouver un chant révolutionnaire qui n’y soit pas directement rattaché.
La mise en espace des douze voix d’Unchorus, interroge les notions de pluralité et de singularités inhérentes au chœur vocal. À différents moments de la pièce sonore, l’une ou l’autre voix est prise dans sa propre temporalité et tonalité, échappe au collectif sonore. À d’autres, les voix se rejoignent dans une sorte de chorale balbutiante. Chuchotements, babils, murmures, cris, tout le spectre vocal est ici convoqué. À la manière d’un cantus firmus – chant fixe autour duquel tout s’ordonne dans la musique médiévale – un ensemble se dessine, sans parvenir à s’imposer. Les voix butent, balbutient, peinent à se retrouver dans une mélodie commune.
Au cœur de l’installation, une ampoule nue diffuse une lumière qui varie de la quasi obscurité (ghost revolution) à des effets stroboscopiques aveuglants, reflétant la violence soudaine d’une révolte qui se heurte à la dureté du réel et ne cesse d’avorter. Il résulte de ce dispositif une situation d’inconfort, le spectateur peine à s’orienter dans l’espace, ignore s’il est invité ou non à s’asseoir sur les bancs situés autour de cette ampoule, dont les variations soudaines menacent à tout moment de l’aveugler.
La performance collective composée pour le projet, fait écho à cette réflexion. Lors d’un atelier aux Beaux-Arts de Lyon, Violaine Lochu a demandé à chaque étudiante (seules des femmes ont participé au workshop bien qu’il soit ouvert à tous) d’apporter un chant révolutionnaire dans la langue de son choix. Composée à partir et en fonction de ce matériau, la performance revisite les figures collectives du cortège, de la chorale, de la manifestation, jouant de dissonances et de disparités vocales et corporelles. De l’apparent désordre sonore initial émerge une voix, certes dissonante, voire cacophonique, et pourtant chorale. Pourquoi ne pas y entendre l’écho d’un chant pré-révolutionnaire ?